Côte d’Ivoire: Opposition: Ça y est le compte à rebours a commencé.

Les prochaines élections présidentielles ivoiriennes s’annoncent très ouvertes. Elles s’annoncent très serrées avec une opposition muette.

Que fait l’opposition?

Les principaux acteurs s’activent de part et d’autre pour aborder cette échéance de la plus sereine des manières. Mais les partis de l’opposition ivoirienne hésitent et ne proposent pour l’instant que des conférences de presses et des meetings à la population.

 Dans le camp présidentiel, le président ivoirien laisse encore planer le doute sur son éventuelle candidature. Mais personne n’est dupe, tous les signaux montrent bien que la machine RHDP est bel et bien en branle. Formation d’un gouvernement aux allures de comité de campagne, tournées présidentielles à grande pompe relayées par les médias d’État, forcing pour la mise en place d’une commission électorale indépendante, acquise au pouvoir et ce, malgré les protestations de l’opposition. Cette opposition qui attend toujours que l’ordre lui soit donné de l’extérieur, pour agir. 

La stratégie du RHDP semble assez claire. Présenter son candidat comme le seul capable de garantir la paix, la stabilité et pendant ce temps, il ballonne et verrouille, le camp d’en face. Le pouvoir fait craindre l’opposition à travers le chantage des cadres opposants qui subissent la furia. Pour les réduire au silence à travers des emprisonnements, de la privation des droits civiques. Certains sont contraints à l’exil et ensuite préparer le plébiscite en Octobre prochain. 

Faut- il parler d’une opposition digne ou d’opposants compromis?

Les stratégies déployées par les opposants ivoiriens semblent très éparses. Une opposition montrant des limites avant le coup du gong. Elle trouble par ses tergiversations et le peuple ivoirien, ne sait sur quel pied danser. La peur monte d’un cran. Les leaders, eux savent dans quoi, ils baignent.
La vérité est que l’opposition ivoirienne est très hétéroclite. Sans véritable leader, elle ressemble plus à des groupuscules d’individus et d’organisations. Ils sont tous  persuadés que la Côte d’Ivoire mérite mieux. Mais elle n’arrive toujours pas à rassembler toutes ses composantes pour faire front commun.

En réalité, l’opposition en Côte d’ivoire sous l’ère Ouattara n’a jamais réussi sur une quelconque question, à faire fléchir le pouvoir ivoirien. Elle se contente de manifestations sporadiques dont l’efficacité reste encore à prouver dans notre contexte, puis se terre dans un curieux silence. Alors que de nombreux observateurs pensaient que le septuagénaire surferait sur la réussite de cet événement pour passer à la vitesse supérieure. Tant les sujets de lutte sont divers (CEI, libération de prisonniers politiques etc). C’est le calme plat: silence on reprend des forces semble t-on indiquer sur la porte d’entrée à Cocody. 

Pour le FPI, tout le monde le sait, sa priorité, c’est la libération de son fondateur Laurent Gbagbo. Les yeux qui étaient rivés sur le procès, semblent rougir. Les frontistes semblent plus préoccupés par cette libération qui n’a que trop duré que par toute autre chose. Même si  Mme Gbagbo à chaque apparition publique laisse échapper que le FPI aura un candidat, les militants du FPI ne sont pas naïfs, le plus beau cadeau qu’on puisse leur offrir en 2020 c’est bien la libération et le retour de leur « Woody de mama ». Alors quel sera leur véritable apport à la bataille de 2020? Bien malin pourra répondre à cette question.  

Soro Guillaume serait-il limité?

La troisième figure de proue de l’opposition est l’ancien président de l’Assemblée nationale Soro Guillaume. Il est vrai que l’annonce de sa candidature aux présidentielles ivoiriennes dans un hôtel en Europe a surpris plus d’un. Mais à douze (12) mois des élections, comment aurait- il pu en être autrement? Il affiche une détermination.

Volontaire et charismatique, l’actuel député de Ferkessédougou semble le plus résolu à en découdre avec ses anciens camarades du RDR.  » djara mena djara »  traduction  » lion à en face de lui lion » dira t- il lors d’un meeting à Katiola. Mais que pèse-t- il réellement sur le terrain ? Que peut-on espérer de son mouvement citoyen, Génération et Peuples Solidaires, le GPS? A peine né et en face, les caciques qui ont animé la scène politique ivoirienne ces 30 ans, le PDCI, le RDR, le FPI. 

Ces formations politiques ont toutes des citadelles quasi intouchables. L’ancien président de l’Assemblée nationale ne sera certes pas ridicule. Mais dans tous les cas de figure  » Bogota » comme ses camarades syndicalistes, aiment l’appeler, aura du mal à passer le cap du premier tour.

Le salut de l’opposition:  un  front commun

 Cela n’est point un secret de polichinelle, le salut de l’opposition ivoirienne réside dans la création d’un front commun de lutte avec des mots d’ordre d’actions bien  précis. Elle doit absolument taire ses divergences internes et exiger du pouvoir  la libération de tous les prisonniers politiques, le retour des exilés politiques, la création de conditions tant sécuritaires qu’institutionnelles pour la transparence des élections 2020.

Aux forceps de tout, présenter une candidature unique face au RHDP.  Mais le plus jeune de tous, Soro Guillaume, veut que chacun y parte et qu’au deuxième tour, l’on soutienne, le mieux placé. Cependant est-ce que les conditions d’une élection libre, participative, consensuelle et démocratique, sont elles réunies?

Évitez le sang des innocents, ferait de ces élections tant craintes, une surprise, un très beau cadeau de fin d’année 2020 pour les ivoiriens.C’est à ce prix que 2020 sera une réussite.  

Yacouba Sanogo 

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